<<Au
début, les accusations de ma femme concernant ma vie personnelle et mes prétendues aventures m’énervaient, je faisais tout pour la convaincre. Maintenant, depuis tant d’années que je les entends,
je la laisse dire. J’ai parfois envie de provoquer sa
méfiance>>. Combien de fois avez-vous entendu cette remarque…..exaspérée ?
La jalousie
amoureuse
est-elle une maladie?
La jalousie est un sentiment puissant, incontrôlable, qui gâche la vie
des couples. Tout commence avec le « grand amour! ». Quand on voudrait que l’autre nous comble, qu’il remplisse par sa présence ou son affection tous nos vides, qu’il apaise nos
inquiétudes par son désir toujours vivant et renouvelé. C’est l’amour-fusion tel qu’on le rêve à longueur de feuilleton télé. Cette aspiration, qui mêle sexualité et sentiment exalté, est le
retour, sous la forme adulte, de l’image paradisiaque du bébé repu qui règne sans partage dans les bras et le coeur de sa mère... Sans partage ! Voilà où le bât blesse. Car cette situation de
jouissance sans fin n’est qu’un idéal pratiquement jamais atteint. Une fois les moments de plaisir passés, l’inquiétude réapparaît: « Et si quelqu’un
d’autre venait interrompre et voler ces instants bénis ? » Bernadette Mangin, psychanalyste spécialiste des problèmes de couple, connaît bien ces mécanismes : « La jalousie est
inhérente à une certaine forme d’amour, l’amour-possession. Elle rejoint immanquablement la peur de l’abandon, de la séparation d’avec la mère. Les personnes peu assurées du sentiment de l’autre
et doutant fondamentalement de leur capacité à être aimées vont s’alarmer au moindre regard, qu’elles interpréteront comme une confirmation de leurs craintes, toujours prêtes à surgir.
»
Preuve d’amour, de faiblesse ou
d’égoïsme?
Coup de foudre, rêve, idéal, les débuts d’une relation se bâtissent aussi sur la découverte d’une certaine
réalité. La jalousie peut traduire ce dé enchantement: «J’avais beau être au courant de tout et m’être juré de ne rien montrer, dit Véronique, j’étais en fait jalouse de son ancienne vie, de ses copains, de ses enfants mais surtout de son ex-femme et des souvenirs qu’ils avaient en commun. C’est une souffrance
sournoise et torturante qui rend au fond méchant et injuste, Il m’a fallu faire un travail intérieur, me rendre compte que j’étais devant un choix : ce que m’apporte maintenant Simon est plus
important que les films autour de sa vie
passée. De toute façon, on ne possède jamais
l’autre, on partage des moments, c’est tout. »
Pour certains, la jalousie est comme un piment indispensable à la vie amoureuse, elle est la preuve de la
passion. Sans elle, le quotidien devient morne et sans saveur. Il s’agit de ne pas s’endormir sur ses lauriers conjugaux, le partenaire est à reconquérir en permanence. La jalousie est le moteur
qui permet de maintenir ses efforts : «Je suis toujours un peu en rivalité avec les
autres femmes. Je surveille ses coups d’oeil, ses réflexions. Cela me pousse à me faire belle et inventer des trucs pour le séduire. »
De façon
inverse, provoquer la jalousie de l’autre, c’est s’assurer de son amour en l’obligeant à penser à nous. C’est l’enchaîner d’une certaine manière en entretenant son doute en permanence. Certains
excellent à ce « petit jeu » qui peut s’avérer périlleux si le partenaire n’accepte pas
les mêmes règles. C’est ce qui est arrivé à Jérôme, tout déconcerté d’avoir été lâché par sa compagne. «Je reconnais que je jouais le jeu de la séduction un peu tous azimuts, mais c’étaient des petits flirts lors de soirées, pas de véritables aventures. Il n ‘y avait pas de
quoi fouetter un chat. Lisa savait bien qu’au fond c’était elle que j’avais choisie. Après les disputes, on arrivait toujours à se retrouver puis, un jour, elle m’a dit qu’elle en avait marre et
que notre relation ne lui apportait rien. »
Ce qui, au début, peut paraître charmant, attendrissant ou une preuve de passion bas- cule parfois dans le cauchemar. La jalousie
est souvent prétexte à des violences conjugales. Les accusations lancées permettent à l’agresseur de se draper dans son « bon droit «, et les coups, les menaces et les hurlements se trouvent
ainsi justifiés â ses yeux. Parfois, la justification opère aussi pour l’entourage, la police ou la victime elle-même. On retrouve ainsi dans la société l’idée qu’une personne « appartient» à une
autre et qu’un manquement (réel ou imaginaire) autorise des comportements qui seraient jugés inacceptables dans un autre contexte. La rupture ou la fuite sont alors les seules solutions.
Le paradoxe de la jalousie pathologique, c’est qu’elle finit par provoquer concrètement chez l’autre ce qui avait été imaginé à tort. L’autre versant est la jalousie morbide de type paranoïa. Là,
pas de raisonnement possible, de discussion objective, le malade est enfermé dans sa conviction qui peut devenir dangereuse, le partenaire étant vécu comme un véritable ennemi. La situation est
parfois imprévisible et des précautions sont à prendre, avec comme seul recours l’aide médicale.
Peut-on aimer sans jalousie?
Les gens qui ont besoin d’attiser en permanence l’intérêt de leur partenaire ont parfois, dans l’enfance, ressenti leur entourage comme trop froid et distant. L’amour et l’attachement doivent
alors toujours se dire, se prouver, ne serait-ce que par le biais des scènes de jalousie. Mais il existe des couples qui vivent et se cimentent autrement la jalousie ne fait pas partie de leur
horizon. Quelquefois par choix explicite, quand la fidélité n’est pas inscrite dans le contrat de base. C’est le cas d’Héléna et Mathieu, qui disent privilégier la qualité et l’intensité de la
relation plutôt que la stabilité et la routine. « Nous vivons nos rencontres de façon
exceptionnelle, unique. Chaque fois que nous nous voyons, c’est comme une nouvelle histoire. Nous n’avons pas â nous rendre de comptes. Si, un jour, l’un de nous s’attachait définitivement à une
autre personne, ça signifierait que notre lien n ‘était plus assez fort. » D’autres
couples encore sont liés par une passion extérieure commune, comme Bernard et Manette, investis tous deux dans la politique et leurs activités municipales. Ils s’étonnent: «
La jalousie ? Ce n’est pas une préoccupation. On se parle beaucoup, on est très actifs et, au delà de
nos petites personnes et de notre nombril, on est unis par un idéal qui nous porte. C’est la clé de notre entente. »
«Repérer les causes profondes de la jalousie. »
Si elle est motivée, la jalousie est un ressenti normal. Sans vraie cause, elle est le signe d’un manque de confiance et d’une inquiétude intériorisée. Au fond, le jaloux vit l’autre comme lui appartenant, sans respect réel pour sa personne. C’est un sentiment commun aux deux sexes, mais qui est mieux assumé par les hommes, peut- être comme preuve de masculinité ! L.a société aussi semble être plus indulgente à leur égard, alors que les femmes sont davantage honteuses. Un peu de jalousie est souvent ressenti comme une preuve d’amour, mais si les limites sont dépassées cela rend la vie du couple insupportable. Nous aidons le conjoint jaloux en essayant de repérer avec lui les causes profondes, qui sont la plupart du temps des doutes sur sa propre valeur, du style « je ne suis pas suffisant pour l’autre ». On décortique aussi, ensemble, les signaux qui le mettent en état d’alerte, ce qui permet à l’autre conjoint de prendre du recul, de comprendre comment le jaloux fonctionne et de se déculpabiliser en se rendant compte qu’il n’y est pas pour grand-chose. On vient nous voir plus facilement qu’avant avec l’envie de sauver la vie conjugale. C’est bien souvent à l’initiative des femmes, qui s’alertent beaucoup plus vite que les hommes sur la bonne santé du couple !
ISABELLE DE KOCHKO, AVEC LA COLLABORATION du Dr CURTET,
DELEGUE GENERAL DE L’Association OBJECTIF PARENTS
-
Fédération nationale des associations Couple et Famille - 28 place Saint Georges - 75009 Paris.
01 42 85 25 98.
Il existe 33 associations sur toute la France.
• Association française des centres de consultation conjugale -44 rue Danton - 94270 Le Kremlin-Bicêtre.
01 467088 44.
Pour certains, la jalousie est comme un piment indispensable à la vie amoureuse.
Un jeu périlleux pour les deux partenaires
Dès que j’ai senti ma femme moins fougueuse, moins attentive à moi, j’ai commencé à observer ses regards
pour savoir qui l’intéressait. Quand le doute vient, ça fait très mal, c’est de la souffrance: un mélange de rage, de colère, de peur que l’autre parte, d’être seul et humilié. Je me sentais
fatigué en permanence, incapable de me relaxer. Des scénarios venaient dans ma tête automatiquement. On est toujours à la recherche d’une preuve, alors on regarde dans le sac, les carnets. On
surveille les allées et venues et le téléphone, on pose des questions pièges.
Quand le doute vient, c’est
de la souffrance.
J’aurais
préféré qu’elle dise qu’elle avait un amant, mais elle m’a toujours assuré que je me faisais des idées. Je ne savais plus où j’en étais. J’ai essayé d’être gentil, puis de la rendre jalouse pour
qu’elle réagisse, de la faire souffrir aussi. Parfois, j’éclatais. J’ai même pensé que je pourrais la tuer. Il fallait que le cercle infernal soit rompu. Notre divorce date d’il y a dix ans mais
j’ai encore des pincements quand j’ai de ses nouvelles. Je ne sais pas trop pourquoi ça s’est passé comme cela avec elle. Avec ma nouvelle compagne, la situation est complètement différente : on
se parle et on fait beaucoup de choses ensemble.
EST-CE UNE MALADIE INCURABLE ?
http://www.clubannonces.com/?id/20095